Qu’est-ce que je pense de la révolution de l’IA générative (les images générées à l’aide de modèles de langages sur des ordinateurs) ?
Faut-il en avoir peur ? Va-t-elle supprimer la créativité humaine ? Le T1000 va-t-il devenir une réalité et tenter d’effacer l’humanité ?
Voici un petit texte de synthèse de réflexion (qui sera amené à évoluer. A vous de deviner si je l’ai fait rédiger par ChatGPT)
Je crois que l’on est simplement sur une nouvelle étape des outils de création (visuelle, musicale, et autres), une révolution de plus, mais ça restera un outil au service des visions et des idées…
>> Il y a eu la photographie, que les peintres (et dessinateurs) ont vu d’abord comme une menace mortelle… puis se sont tous appropriée pour alimenter et améliorer leur travail (Delacroix, Degas, Bouguereau, tous ou presque ont utilisé la photo)
>> Il y a ensuite eu la photo démocratique (les compacts).
>> Puis l’arrivée du numérique et de la retouche d’image (Photoshop), sa démocratisation.
>> Autre révolution : les reflexes numériques qui démocratisaient la photographie pro (et le cinéma amateur).
>> Puis les smartphones qui ont inondé le monde (via internet) d’images retravaillées automatiquement (Instagram et autres) que tout le monde pouvait faire soi-même… Le smartphone, couplé à la révolution Internet, a permis la création infinie d’image et leur diffusion infinie.
(En musique, on pourra évoquer la démocratisation du home-studio dans les années 80/90s, puis du home-studio numérique et de la MAO.)
La spécificité de ce nouvel outil, c’est qu’il réalise des tâches bien plus complexes à notre place, mais il ne CRÉE pas à notre place... Il exécute. il propose d’articuler une requète (prompt ou image source) avec une synthèse de l’essentiel de ce qui a existé (les modèles, qui sont bien des créations humaines)… C’est comme une liqueur de Culture… La liqueur, il faut la boire. Et ce que produit l’IA, il faut le motiver, lui donner une direction. Fournir l’idée, et l’utilisation.
L’IA n’a pas d’idée, n’a envie de rien. Elle est comme un tâcheron qui produit à la chaine des choses vues et revues (il y a déjà beaucoup d’auteurs qui ne valent pas mieux que des IA dans le monde du livre, des séries, du cinéma, de la musique… Des créations tellement génériques qu’elles en sont d’une fadeur assez folle)
il est important de préciser que ces outils fonctionnent et apprennent comme des humains (dans la partie purement compétence). l’humain analyse des productions du passé (valable pour le texte, l’image, le son), essaie de les comprendre, de les reproduire, et d’en tirer des schémas récurrents (on dira des compétences) qu’il pourra appliquer à ses propres créations, c’est à dire mettre en relation avec d’une part son expérience, et d’autre part ses envies. Plus un humain apprend, plus il produira des choses sophistiquées. Mais parfois, l’absence d’apprentissage peut être un projet artistique, comme avec l’Art Brut. Le but de l’Art Brut est de réduire le propos de l’Art à l’expérience subjective humaine : pas de compétence apprise longuement, ni de culture pour nourrir sa création.
Et c’est là que se trouve la limite de l’IA et de la machine… Elle n’a pas de moteur, pas d’envie, pas de besoin. Elle peut exécuter des tâches de plus en plus complexes, mais n’a pas d’impulsion.
En revanche, elle permet de gagner un temps incroyable autrefois nécessaire à étudier des points précis (apprendre à dessiner des chevaux, ou à obtenir un rendu réaliste…). L’IA s’autorise une culture totale, bien plus complète que ce qu’un humain peut apprendre, et une rapidité d’exécution folle. Notons qu’un peintre comme Rubens avait un atelier avec une dizaine d’assistants qui complétaient ses tableaux (en réalisant parfois l’essentiel). D’autres artistes utilisaient des assistants pour faire des recherches, des photos de référence ou des repérages, etc. Le cinéma hollywoodien est un bon exemple de création assistée. On s’extasie sur le travail de Wes Anderson ou Stanley Kubrick, mais personne ne connait les 500 personnes qui ont travaillé sur ses films et sans lesquels ils ne seraient rien.
Mais en effet, se pose la question du renouvellement. Si l’IA apprend des même sources humaines et que les humains ne créent plus, ça risque de tourner en rond. Notons que ce problème a existé vers le 16ème/17ème siècle. Quand les peintres venus après Léonard, Michel-Ange, Botticelli et autres (la première vague de peintres vedettes) ont commencé à n’apprendre qu’en copiant les tableaux, puis en copiant des tableaux qui copiaient des tableaux, ça a créé un courant pictural un peu consanguin qui a viré au bizarre : le maniérisme… Eh bien il a suffit de renouveler un peu les sources pour relancer un peu l’histoire de la peinture qui tournait en rond.
Je crois donc que le renouvellement se fera comme par le passé, mais plus vite et à une autre échelle. Il faudra d’une part renouveler sans cesse les modèles IA, les améliorer, les compléter (ces modèles sont comme des machineries complexes et fignolées par des humains… des sortes d’œuvres collectives). Leur apporter probablement des éléments aléatoires. Mais Ils seront surtout nourris des envies des humains, de ce que ceux-ci auront comme aspirations visuelles (ou sonore, ou autre). Donc je ne suis pas inquiet du système qui tourne en rond.
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Ensuite, on voit émerger un gros mouvement de rejet des IA qui est basé sur une forme de conservatisme, sur de la peur, ou une incompréhension (cette technologie apporte une rupture tellement forte avec les habitudes que la plupart des gens n’arrivent pas à la traiter, à la penser).
On a oublié qu’apprendre la photo, apprendre le dessin, la peinture, ne sont pas des fins en soi. Il y a certes du mérite à avoir appris à dessiner ou à jouer d’un instrument de musique. Mais la qualité d’une oeuvre ne vient pas de ce qu’elle est compliquée à réaliser et que peu de gens sont capables de la réaliser. La preuve, moi qui m’intéresse à la guitare shred : youtube déborde de virtuoses plus incroyables les uns que les autres. Mais pour autant, peu font preuve d’inventivité et d’originalité. Et c’est un peu le problème de l’IA, le côté singe savant.
La peinture classique (en fait, la peinture tout court) n’intéresse plus grand monde depuis plusieurs décennies. Les gens s’intéressent à l’image en général, qu’elle soit photographique, 3D, hybride, manipulée ou pas… Ils recherchent ce que l’image véhicule, pas le medium . Peinture à l’huile, pastels, photographie argentique… Puis images de synthèse, digital painting, etc… ce ne sont que des vecteurs, pas des finalités.
Pour intéresser un public, il faut lui apporter une vision, du sens. Et cela demande d’une part de la culture dans le domaine que l’on travaille (comprendre et se servir du passé pour enrichir le présent). Là dessus, les IA n’ont aucun souci. Mais d’autre part, il faut des idées, un projet, un propos. Et l’IA n’en a pas, parce qu’elle n’a pas de conscience, de vécu, d’ancrage dans le réel, de besoin, d’envies, de frustrations, de souffrances, de rêves, de joies, d’humour, de spiritualité…
L’IA est un véhicule, un vêtement, un lieu à habiter. Sans humain, ces choses n’ont aucun intérêt.
Par la suite, je parlerai de la question épineuse du droit d’auteur (qui agite le monde depuis longtemps)