L’histoire de la musique pop est remplie de merveilles peu connues. Aujourd’hui, plutôt que d’aller chercher dans le bac des disques confidentiels et introuvables, je vais m’arrêter sur un petit bijou des 80s : In The Garden, premier album de Eurythmics…
Pour ceux qui ne connaissent que les singles, il est difficile de penser que ce groupe assumait une dimension très expérimentale dans sa pop. Du bizarre, Eurythmics en a distillé tout au long de sa discographie. Mais n’oublions pas qu’il s’agit ici de pop, et que le bizarre ne doit être qu’un condiment pour agrémenter des compos pop, donc accessibles et légères.
C’est la différence que l’on fera entre David Bowie et… au pif, This Heat : ces derniers, pour respectable que soit leur musique, s’adressent à une élite avertie. Bowie en revanche « vend du disque » (certes plus dans les années 80/90 que 70s) et contribue ainsi, même modestement, à ouvrir les oreilles du grand public. Cet apparté pour justifier que l’on puisse accorder à Eurythmics le mérite d’être un groupe expérimentateur et assez novateur, même si ça reste sage selon des critères plus indés.
In The Garden ouvre donc en 1981 la discographie d’Eurythmics, faisant suite à la période Tourists déjà bien entamée côté pop post-punk qui se cherche. Ce qui frappe avant tout, c’est que ce disque a très peu vieilli… On n’est pourtant pas dans le son 80s qui redevient très en vogue.. Le registre oscille plus entre un psychédélisme fantaisiste, un post-punk un peu malsain (typique d’une époque où le punk rock se sophistique et devient New Wave, Cold Wave, etc.) et un rock binaire agrémenté de recherches sonores, le tout formant une cuisine assez jouissive.
Le sentiment que l’on ressent à l’écoute de ces morceaux est pour moi typique de toute pop brillante : défrichage, plaisir et bidouillage, liberté en mouvement. Le groupe cherche, bricole, mais conserve un sens de la mélodie et du songwriting tout à fait pointu qui donne une certaine plénitude à l’ensemble. Le côté hallucinatoire n’est jamais une dilution de la matière de la chanson, mais nous fait vraiment voyager dans un univers très personnel. La production réussit à apparaitre à la fois futuriste et rétro…
J’ai un petit faible pour « English Summer », « She’s Invisible Now » et « All The Young (people of today) » mais au final l’album s’apprécie dans son ensemble complémentaire. Notons que la version remaster comporte quelques bonus très appréciables.